les 3 Cygnes
(...de la honte...)
présentent
une pièce de
Craig Lucas
mise en scène
Cyrille Boussant
Thomas Moulins
avec | |
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Tristan Romain Grandadam |
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Tom Emmanuel Hoblingre |
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Emily
Claire Le Goff |
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Norbert
Ronan Le Nalbaut |
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Libby
Elodie Martigny |
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Boo
Tomah Phénix |
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Alice
Bédite Poupon- Joyeux |
Libby : “Dis-moi juste si ça a l'air à côté de la plaque : une dose de rhum, une dose de concentré d'ananas
en conserve, du citron vert— ”
Tristan : “Ça m'a l'air à côté de la plaque.
Naze naze naze. ”
Still Life by Fairfield Porter, 1975
Watercolor on paper - 22 1/2 x 30 1/2"
Virginia A. Bonito Fine Arts, Inc.
À la lecture de Blue window de Craig Lucas, trois sentiments se dégagent clairement :
De ces trois sentiments découle donc une étrange impression de proximité, une proximité si familière qu’elle en devient dérangeante. Car on ne va pas au théâtre pour retrouver la réalité, n’est-ce pas, mais pour lui échapper. Ou non. Le pari de Blue Window est que non.
Ces trois sentiments reposent sur une seule et unique idée, qui anime la frange la plus moderne du théâtre new yorkais : réussir à saisir un moment de vie tellement commun, anodin, que sa simplicité même permet de le transcender.
Mieux encore, des auteurs comme Shepard, Mamet, qui sont les justes mentors de Craig Lucas, se permettent d’explorer un terrain au-delà du réalisme où soudain apparaît l’essence et le sens même de la réalité, qui échappent à l’œil nu et à la vie de tous les jours. Car bien sûr, Lucas ne s’en tient pas à des commentaires sur le punch, à des références télévisuelles ou un interrogatoire sur le parachutisme. Il se sert du l’atmosphère simple et triviale qu’il sait infuser pour mieux surprendre son public quand il sort ses plus beaux effets : comme la chanson d’Emily qui interrompt le temps au beau milieu d’une conversation ou le chorus final. Alors la réalité dérive imperceptiblement dans la poésie la plus cristalline, comme le ferait la vie, telle que nous nous laissons parfois la rêver.
Les personnages eux-mêmes suivent cette trajectoire. S’ils semblent si évident et facilement catégorisables de prime abord, c’est en fait une galerie incroyablement simple et pure d’êtres humains plein de défauts et de qualités, d’être et de rêves. Lucas a la générosité de nous les livrer dans leur plus grande, leur plus impossible sincérité.