Emmanuel Hoblingre

Tom

 

Il commence à jouer et animer des ateliers de théâtre pour jeunes en 1994. En 1997, il interprète le rôle d’Arlequin dans le Jeu de l’amour et du Hasard de Marivaux, qu’il met en scène à Nancy. De 1998 à 2000, il suit une formation continue d'Art Dramatique à Nancy où il travaille notamment avec François Bon, Charles Tordjman ou Michel et Odile Massé. À cette occasion, il interprète plusieurs rôles du répertoire : Knock dans la pièce éponyme de Jules Romain, Rodrigue dans des extraits du Soulier de Satin de Paul Claudel ou le Fou dans une mise de La Nuit des Rois de Shakespeare par Françoise Valence.

Flûtiste baroque, guitariste et pianiste amateur, il fut ténor au sein du chœur du Conservatoire National de Région de Lorraine avec lequel il interprète, en 2002, le 9ème symphonie de Beethoven. Depuis 2000, il a créé sur Nancy la troupe «Carpe Diem» avec laquelle il produit des spectacles mêlant mime, musique et jeu d’acteur.

 

… … … Emmanuel parle … … …

Ce qui m'a sÉduit dans Je hais les dimanches soirs :

La profonde modernité de la pièce de Craig Lucas réside pour moi dans l’abolition par le texte des frontières physiques : la libération des espaces et le jeu choral des acteurs m’a immédiatement séduit ; je n’avais rien lu ni vu de tel auparavant. Ce qui m’a également touché dans cette œuvre, c’est que la forme verbale entre entièrement au service du propos : sept vies banales, sept petits univers cloisonnés deviennent une seule et même scène, théâtre du tragique quotidien, celui de vies mornes dont les dépositaires rêvent à des lendemains meilleurs. Mais l’heure n’est-elle pas déjà passée pour ces personnages, plongés dans une quête d’identité et de sens ? Lucas nous promène subtilement d’un sentiment à un autre, avant de nous laisser, au final, à nous acteurs, le choix des armes ou celui des larmes. Ces vies, sur scène aussi bien que dans la vie, ne seront jamais que ce que leurs protagonistes auront le courage d’en faire.

Ce qui m'a plu dans le rÔle de Tom :

C’est, pour moi, le personnage le plus attachant de la pièce : son incapacité à communiquer, à dire ce qu’il est, nous touche nécessairement au plus profond de notre être, nous renvoie à notre propre difficulté de nous dévoiler, de nous dire en vérité. Sa recherche d’un accord parfait dénué de tout artifice, sa tentative d’exprimer le mouvement imperceptible de la vie rejoignent également la quête primitive d’Orphée et, derrière lui, de tout artiste. Ce qui me fascine réellement chez Tom, c’est le degré de gravité de son handicap, de son incapacité à être au monde. Pour lui, la quête artistique a pris une dimension vitale : seule la musique semble pouvoir lui rendre une « voix » et une existence. Son art n’est en rien une échappatoire, il est le seul lien tenu qui raccorde son univers au réel et à Emily.